La lettre de Saint-Jacques est claire : les guerres, et plus généralement les conflits, sont causés par la jalousie et les désirs désordonnés présents dans le cœur des hommes (Jc 4,1). On peut donc craindre que tant qu’il y aura des humains imparfaitement saints, les conflits soient inévitables. Jésus, le Prince de la Paix, nous avertit d’ailleurs que même en référence à lui et à son message, il y aura des oppositions entre parents et enfants ou beaux-enfants (Mt 10, 35). Cela ne doit aucunement nous désespérer mais guider notre espérance.
D’abord, nous attendons avec certitude ce cadeau magnifique promis par Dieu d’une paix parfaite et définitive dans la joie du ciel.
Mais aussi nous avons l’assurance que tout ce que, animés par l’Esprit, nous faisons pour la paix en ce monde, est un trésor de qualité divine qui grandit de jour en jour, hâte le retour du Christ et a valeur d’éternité.
Et nos efforts pour la paix peuvent déjà avoir visiblement un effet très heureux, même s’il est partiel et précaire. Notre prière est efficace en vue de la paix entre les nations. Et nous pouvons aussi appliquer la certitude de notre espérance à tous les lieux de notre vie, où des conflits sont susceptibles d’apparaître : notre famille, notre travail, nos lieux de loisirs ou d’engagement associatif, notre société et aussi notre communauté et notre Église.
À chacune, à chacun d’en faire l’application dans le cadre de sa propre vie. Prenons l’exemple de notre famille. Des conflits surgissent, pour des questions de caractères ou de cultures différents ou de priorités concurrentes ; du fait de l’exercice de l’autorité, d’offenses graves ou de manquements répétitifs, sans oublier les questions de patrimoine. La situation n’est jamais désespérée. Par-delà les médiations possibles et l’exercice de la patience, il y a l’action de la grâce de Dieu, puissante au-delà de toute capacité humaine. Cette grâce est accueillie dans la prière, la pénitence, les sacrements. Son action pourra ouvrir la possibilité de voir peu à peu l’autre comme Dieu le regarde, comme quelqu’un pour qui le Christ a donné sa vie ; elle pourra donner le désir d’accueillir comme l’autre le pardon sacramentel et de se mettre ensemble devant Dieu ; elle pourra dévoiler la possibilité de parvenir à pardonner, peut-être au terme d’un douloureux combat, peut-être en renonçant à un droit… Le fruit de cet effort sera peut-être un peu de paix retrouvée ; en tout cas, l’amour ainsi déployé est un trésor inaltérable, préparant la joie du ciel.
Telle est notre espérance .
Mgr Jean-Marie Dubois.