La comparaison de la vigne était familière aux Juifs. Isaïe avait déjà dit qu’Israël était la vigne du Seigneur. Mais cette vigne, disait le prophète, a donné de mauvais raisins. Jésus actualise la comparaison. Il rappelle que la maison d’Israël, tout au long de son histoire, a rejeté et tué les prophètes que Dieu lui avait envoyés. Mais, ajoute-t-il, Dieu est allé beaucoup plus loin. Il a envoyé Son propre Fils. Et les chefs du peuple vont agir de la même façon. Ils vont rejeter ce Fils bien-aimé, l’entraîner hors de la vigne et le tuer. Voilà donc dessiné, le décor du drame de la Passion et de la mort de Jésus.

Mais Jésus n’en reste pas là. A la fin de la parabole, il change brusquement d’image. Il ne parle plus de la vigne, mais de la construction de la maison. Et il cite un psaume. Quelle est cette merveilleuse œuvre accomplie par Dieu? Jésus sera condamné et exécuté comme un vulgaire bandit. Pour les disciples, ce sera le désespoir le plus total, mais c’était sans compter le matin de Pâques. Dieu, en Jésus, a retourné la mort. Il a retourné le rejet des chefs du peuple pour en faire l’occasion de la manifestation la plus éclatante de la puissance de son amour. Les chefs du peuple avaient rejeté Jésus comme on rejette une pierre impropre à la construction de la maison, mais Dieu a pris cette pierre et il en a fait la pierre d’angle, la pierre fondatrice de Sa Maison.

Après Sa résurrection, Jésus nous prouvera encore que c’est bien là la manière d’agir de Dieu. Il retournera le triple reniement de Pierre pour en faire l’occasion d’une triple déclaration d’amour et pour donner à Pierre une confiance encore plus grande. A nos yeux, il faut être fou pour agir de la sorte, mais c’est la folie de Dieu qui veut faire de nos refus, de nos trahisons, le « matériau » avec lequel son amour construit le Royaume. Sommes-nous toujours conscients que Dieu est capable de retourner des criminels pour en faire des saints ?

Seigneur, tu t’adresses aux responsables de ton peuple. Tout au long de l’histoire d’Israël, ils ont été plus préoccupés d’eux-mêmes, que du règne de Dieu. Ils ont été des vignerons travaillant la vigne pour leur compte personnel. Ils n’ont pas écouté la voix du Maître de la vigne. Cependant, le projet de Dieu se réalisera quand même. Cette parabole, aujourd’hui, c’est à moi qu’elle s’adresse. Tu me rappelles que je suis ce serviteur, et non propriétaire de la vigne. Donne-moi donc de m’oublier, de ne pas mener ma vie sans référence à toi et sans me soucier des autres. Donne-moi d’écouter les messagers que tu peux m’envoyer, donne-moi d’être un bon serviteur dans ta vigne.

Père Pierre Fulara

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