Jésus s’oppose donc à ce qui a été dit auparavant. Jamais aucun prophète n’avait parlé ainsi. Leur rôle n’était que de transmettre ou de commenter le message de Dieu. Pour parler comme Jésus, il faut être fou… ou être Dieu. On comprend qu’il ait été accusé de blasphème. Mais toute la suite va nous prouver que c’est un message divin.

La «loi du talion» est mal comprise de nos sensibilités modernes. Comment la loi de Moïse a-t-elle pu énoncer une telle législation? Or, cette loi était déjà un immense progrès par rapport à l’instinct de vengeance. Par cette loi du talion, le code d’Hammourabi, par exemple, tentait de limiter les excès de la vengeance. Jésus, lui, a l’audace d’inviter les hommes à la perfection de l’amour. Il nous dit qu’il ne faut pas riposter au méchant. Et, comme prédicateur concret, Il nous donne les exemples : Si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui…

L’Évangile ne donne jamais de recettes morales toutes faites. Il s’agit d’un esprit plutôt. Jésus lui-même, quand il a reçu la gifle du serviteur du grand prêtre, s’est redressé dignement : Pourquoi me frappes-tu ? Jésus n’a pas voulu consacrer une situation d’oppression en demandant aux faibles d’être des résignés. Il est même des cas où un vrai disciple de Jésus doit se battre , se résigner à l’injustice, surtout à celle dont les autres sont victimes, serait absolument contraire à l’esprit de Jésus. Le mal n’est pas surmonté quand nous y répondons par une dureté équivalente. Quand on rend le mal pour le mal, on rentre dans le circuit infernal. Le mal, quand on le rend, remporte une victoire supplémentaire, car il rentre en nous. Jésus veut ouvrir une autre route à l’humanité : vaincre le mal par le bien, répondre à la haine par l’amour.

Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, car Dieu fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons… Voici la nouveauté suprême de l’Évangile. Jusqu’ici on priait contre ses ennemis. Maintenant, il faut prier pour eux, c’est-à-dire pour qu’ils se convertissent.

C’est évident que faire ce que Jésus vient de nous demander dépasse les possibilités humaines. Si Jésus nous dit d’aimer nos ennemis, c’est parce que Dieu, le premier, nous aime ainsi. Il faut relire ce passage de saint Paul aux Romains : Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs.

Quand nous sommes devant un amour difficile, ou impossible humainement à vivre, nous ne pouvons plus rester seulement au plan de la morale, de la sociologie. C’est ce que Dieu ne cesse pas de faire, lui qui fait lever son soleil sur le champ de l’athée persécuteur, comme sur le jardin des carmélites.

Tu te demandes comment faire pour aimer celui qui ne t’aime pas ? Comment Dieu t’aime, Lui ? En te pardonnant sans cesse. Cet impossible amour de l’ennemi, Jésus n’ose nous le demander que parce que le premier il l’a vécu : Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. N’attends pas à demain. En cet instant, fais ce que Jésus dit : prie, nominalement, pour ceux qui t’énervent, ceux qui te font du mal, ceux que tu n’aimes pas ou qui ne t’aiment pas.

Aimer ceux qui ne nous aiment pas, c’est imiter Dieu. Faire du bien à ceux qui nous font du mal, c’est divin. Qu’est-ce qu’être « chrétien » ? Ce n’est pas avoir atteint ce but sublime, l’amour universel, c’est essayer chaque jour d’y tendre. Il ne s’agit pas d’un moralisme. Nous sommes les enfants d’un Père qui garde dans les « entrailles de sa tendresse » les méchants aussi bien que les bons.

Abbé Pierre Fulara.

Attention, erreur sur l’horaire de la messe des cendres du soir : la messe est à 19h30 (et non pas à 18h30 comme indiqué dans le Feuille d’informations paroissiales).

 

Feuille d’informations paroissiales – du 19 février au 04 mars-