L’espérance sacramentelle

Si 97 % des chrétiens ne pratiquent pas régulièrement, pourquoi faudrait-il aller à la Messe ? Pourquoi devoir me confesser alors que Dieu peut très bien me pardonner si je Lui demande ? Pourquoi me marier à l’Église au risque de ne plus avoir accès aux sacrements si je divorce et m’installe dans une nouvelle union ?

La Visitation narrée dans l’évangile de ce dimanche, cette touchante rencontre entre deux femmes enceintes, loin de tout regard extérieur, construit plus sûrement l’histoire de l’humanité que les affres d’Hérode le Grand ou de Poutine ! En effet, elle s’inscrit dans « l’accomplissement des paroles [...] du Seigneur. » L’événement s’inscrit dans ce mouvement initié par Dieu du fond des âges depuis le péché originel pour sauver la Création de l’esclavage du mal ! Ce mouvement, révélé par les prophètes, traverse toute l’histoire d’Israël, s’accomplit en Jésus qui le déploie dans le temps et l’espace à travers son Église et qui s’accomplira pleinement et définitivement à la fin des temps lors de sa venue en gloire !

Ce mouvement divin oriente toute l’histoire du monde et s’accomplira de manière certaine. L’histoire n’est pas d’abord élaborée par les grands mais par les petits, pauvres et humbles qui, dans l’Esprit Saint, s’inscrivent dans ce mouvement fondamental ! Bien sûr, ce regard-là est guidé par la foi car ce mouvement, quoique fondamental, ne se laisse pas voir par les médias. Mais j’aime ce signe que Dieu nous laisse : plus personne ne parlerait aujourd’hui d’Hérode le Grand si Élisabeth n’avait pas accueilli le don fécond du Seigneur et si Marie n’avait pas dit «Oui» !

À l’instar de Marie et d’Élisabeth, choisies par Dieu, nous sommes appelés à participer pleinement à cette histoire. Comment ? En nous laissant conduire par l’Esprit Saint dans toute notre vie et en déployant ainsi la puissance salvifique jaillie de la mort et de la Résurrection du Seigneur Jésus pour ce monde. Et les lieux où cette puissance a le plus d’efficacité et où les chrétiens sont attendus sont les Sacrements puisqu’ils puisent directement leur force de la  Passion du Seigneur Jésus. Les chrétiens «non-pratiquants» manquent donc à cette pleine participation à cette grande œuvre salvifique de Dieu.

Si la Messe, avec sa dimension communautaire, semble plus propice à bâtir le Royaume de Dieu et donc à faire avancer la Création vers son salut, tous les Sacrements y participent ! Même la Confession, quoique très individuelle, s’inscrit dans ce grand mouvement divin et participe pleinement au salut de toute la Création. Pensons-y lorsque nous irons nous confesser pour Noël : nous n’y allons pas seulement pour nous mais pour toute l’Église et, par elle, pour toute la Création ! Nous ne sommes pas chrétiens pour nous mais pour le monde !

Abbé Édouard DACRE-WRIGHT

Feuille d'Informations Paroissiales