Le grand-orgue

Origine
Cet orgue fut construit par le fameux facteur d’orgues, Aristide Cavaillé-Coll, en 1894, pour le Baron de l’Epée, riche amateur de musique qui désirait jouer chez lui, dans le vaste auditorium qu’il avait fait aménager, de la musique de Richard Wagner. Avec ses 2800 tuyaux, dont le plus grave mesure plus de 5 m. de haut, l’instrument possède la puissance des cuivres wagnériens jointe à la subtilité des cordes et des bois.

Lorsque Cavaillé-Coll disparaît en 1899, on élabore les plans de l’église Saint-Antoine, de style néo-roman, située entre la rue Traversière et l’avenue Ledru Rollin. En 1907, le Comte Christian de Bertier de Sauvigny rachète au Baron de l’Epée le grand orgue de son salon de musique du 55 avenue des Champs-Elysées et décide de le faire installer dans l’église Saint Antoine achevée depuis 1903.

Aristide Cavaillé-Coll (1811-1899), facteur d’orgues, quitta le Sud pour “ monter ” à Paris fonder sa propre société, rue Notre-Dame de Lorette, car il venait de remporter sur concours les importants chantiers de la Basilique Saint-Denis et de Notre-Dame-de-Paris, y apportant des innovations techniques marquantes.

En 1840, le progrès de la technique aidant, l’orgue se veut l’égal de l’orchestre : aux timbres anciens, cromorne, musette, larigot, succèdent flûtes, hautbois et bassons, évoquant un autre monde. Il devient le propagateur de l’orgue symphonique. Il faut dire qu’il avait “ sa ” technique de travail et dirigeait 400 ouvriers accomplissant toujours la même tâche, devenant ainsi terriblement compétents et rapides ; cela permettait de produire environ dix orgues par an alors qu’un seul homme met plusieurs mois à en réaliser un. C’est ainsi qu’à ce jour la qualité de ces orgues est toujours inégalée.

A. Cavaillé-Coll est célèbre dans le monde entier – il exporta vers tous les continents – mais c’est en France qu’il a laissé le plus de chefs-d’oeuvre : à Paris (Notre Dame de Paris, Saint-Sulpice, la Madeleine, Saint-Antoine des Quinze-Vingts, Sainte-Clotilde 1862, dont César Franck fut titulaire ; et l’Abbaye Saint-Denis, 1860), Toulouse (Basilique Saint-Sernin), Rouen et Caen.

Le prestigieux instrument fut monté dans la tribune surmontant le porche de l’entrée principale rue du Faubourg Saint-Antoine par la maison Merklin qui ajouta, au passage, plus de trois cents tuyaux supplémentaires et porta l’ensemble à 48 registres répartis sur trois claviers et un pédalier, sans changer la couleur de l’ensemble ni les éléments fondamentaux de l’orgue.

Cet instrument mondialement réputé devint vite célèbre car les plus grands virtuoses du début du siècle vinrent y donner des récitals : Marcel Dupré, Jean Langlais et Gaston Litaize.

L’instrument
gdorgue.jpgEn quinze ans l’instrument a fait l’objet à deux reprises de travaux de restauration très minutieux de la Ville de Paris, plaçant ce monument au premier plan du patrimoine musical de la ville.

Miraculeusement préservé et très bien restauré en 1983 par J. Barberis, il est l’un des plus purs orgues symphoniques de Paris. En 1992 une commission de facteurs d’orgues suisses est venue mesurer chaque tuyau, la pression exacte de l’air, en vue de réaliser des instruments de même esthétique dans leur pays.

C’est en 1994 que l’orgue a fêté joyeusement son Centenaire par de nombreux et beaux concerts.

En cliquant ici vous écouterez la Toccata de Léon Boëllmann, (Suite gothique op. 25) jouée par Eric Lebrun et découvrirez l’intérieur de l’orgue, filmé en 2006

Différents organistes ont tenu ces orgues
Le Comte Bertier de Sauvigny, bien sûr, fut nominé organiste titulaire de la nouvelle église, mais refusa, en mécène qu’il était, toute rétribution du clergé, payant lui-même largement ses remplaçants, tous grands maîtres du siècle.

A sa mort, c’est un jeune organiste aveugle, Philippe Rolland, sortant tout juste du Conservatoire, qui tint l’orgue durant 40 ans.

Marcel Pepin, maître de chapelle depuis 1945 et professeur au Conservatoire du XIIème, lui succéda jusqu’en 1990, année où il partagea le poste avec Éric Lebrun jusqu’à son décès en 1993. Yves Rousseau, organiste, joue également lors des offices dominicaux à Saint-Antoine.

Micheline Tissot
(Paris XII, Novembre 2002, n°450)

En avril 2004, le grand-orgue de Saint-Antoine a été entièrement nettoyé et en grande partie restauré.

Les sommiers du grand-orgue et du récit (la partie de l’orgue située sous les tuyaux, et qui contient l’air sous pression) ont été démontés pour être entièrement ré-encollés. Le réservoir (grand soufflet de peau) du clavier de grand-orgue, très usé, a été changé. Le jeu de clairon de 4’, réalisé dans les années 1950 dans une esthétique assez éloignée de Cavaillé-Coll, a été refait dans le style post-romantique. Toutes les soupapes du grand-orgue et du récit ont été recouvertes d’une peau neuve, et les ressorts correspondants tous égalisés. Enfin, l’ensemble de la tuyauterie, soigneusement nettoyée et déposée, a été accordé, et en partie ré-harmonisé en fonction des petites différences de pression résultant des réparations.

Ce très beau travail, commandé par la Ville de Paris, avec le soutien financier de la Paroisse St Antoine, a été réalisé par les ateliers d’Yves Fossaert.

Console
Console
Clarinette et voix humaine du récit
Clarinette et voix humaine du récit

Grand-orgue :
Bourdon 16
Montre 8
Bourdon 8
Flûte harmonique 8
Salicional 8
Prestant 4
Flûte octaviante 4
Fourniture III-IV rangs
Bombarde 16
Trompette 8
Clairon 4

Positif expressif :
Quintaton 16
Bourdon 8
Violoncelle 8
Unda Maris 8
Flûte traversière 8
Viole de Gambe 4
Cor de nuit 4
Nazard 2 2/3
Octavin 2
Tierce 1 3/5
Piccolo 1
Cor anglais 8
Trompette 8
Clairon 4 Récit expressif :
Cor de nuit 8
Flûte harmonique 8
Gambe 8
Voix céleste 8
Dulciane 4
Fourniture III rangs
Basson 16
Trompette 8
Basson-Hautbois 8
Clarinette 8
Voix humaine 8

Pédale :
Bourdon 32
Flûte 16
Soubasse 16
Flûte 8
Bourdon 8
Violoncelle 8
Flûte 4
Bombarde 16
Trompette 8
Clairon 4
Tir I, II et III. II/I, III/I, III/II
octave grave, III/II, tremolo III.