Notre première lecture du livre des Actes des Apôtres marque le moment où la communauté des disciples de Jésus, tous juifs comme leur maître, s’ouvre aux païens. Ce geste fondateur, réalisé par Pierre, permet la constitution de groupes de croyants où cohabiteront des disciples d’origine juive et d’origine païenne. Pour bien comprendre l’audace du geste de Pierre, il faut relire sa vision à Césarée ; jusqu’à présent, pour un pratiquant juif, il était interdit d’accepter l’hospitalité d’un païen et de prendre place à sa table. Dans cette vision, Pierre voit toutes sortes d’animaux descendre du ciel dans une nappe et découvre alors qu’il n’y a pas d’animaux impurs.
Le centurion Corneille, lui aussi, a une vision dans laquelle un ange du Seigneur lui propose d’inviter Pierre chez lui. Ayant accepté l’invitation, Pierre chemine trois jours et déclare à Corneille que Dieu ne fait pas de différence entre les hommes. Il lui a fallu trois jours donc pour comprendre la vision et en tirer les conséquences. Si, aux yeux de Dieu, il n’y a pas d’animaux impurs, il n’y a pas non plus d’humains impurs.
Cette découverte est fondamentale, elle va permettre à l’Église de naître et de se développer. Pour annoncer la bonne nouvelle de Jésus, il faut en effet que la communauté chrétienne puisse rejoindre les hommes là où ils sont. Comment les rejoindre si on n’accepte pas d’entrer dans leurs maisons et de manger avec eux. Pierre découvre donc que Dieu n’est pas lié à un peuple, mais qu’il aime également les païens. Dieu envoie alors son Esprit sur les hommes de toutes races réunis dans la maison de Corneille et Pierre accueille le nouveau disciple par un nouveau geste d’intégration, le baptême.
Dans la deuxième lecture, nous lisons des extraits de la longue méditation de Jean sur l’amour. L’amour dont parle l’auteur n’est pas le sentiment naturel qui rapproche les êtres humains. Il est d’essence divine, il est la qualité première de Dieu et il prend l’initiative de donner aux hommes quelque chose de lui-même. Il répand son amour en nous aimant le premier et la preuve éclatante étant le don de son propre Fils. En lui, Dieu révèle son amour de Père pour tous les hommes. Croire en Dieu implique donc d’accepter cet amour et d’en tirer la conséquence qui n’est pas seulement d’aimer Dieu, mais également d’aimer son prochain. Seul celui qui comprend cela, et qui le met en pratique, peut entrer en communion avec lui, car celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu.
Dans notre évangile les paroles de Jésus prolongent le discours sur la vigne, entendu dimanche dernier. Pour porter du fruit, il faut rester greffé à cette vigne. Continuant sur le même thème, en invitant à demeurer dans l’Amour, Jésus donne des précisions sur cet amour et sur la manière dont il circule. Attention, l’amour n’est pas une simple réciprocité du type : Dieu nous aime et nous aimons Dieu. Il a son origine en Dieu et il pousse ceux qui en sont les bénéficiaires à le transmettre à leur prochain. Jésus donne l’exemple : comme le Père aime le Fils, le Fils aime ses disciples et les invite, à leur tour, à aimer. Cet amour est intense ; l’amour du Fils pour les disciples va jusqu’au don de la vie.
Mon commandement, le voici : aimez-vous les uns les autres… Par là, tu ne passes pas à un autre sujet, Jésus. Tu attires notre attention sur un aspect de la joie que tu nous offres. Nous avons à la partager : c’est la joie d’être enfants de Dieu en Toi et c’est la joie d’être tous frères, en Toi.
Pierre Fulara