Quand s’approche la fin de l’année liturgique, l’Église nous propose de méditer sur le temps en réfléchissant à la fin du temps. Il est frappant de remarquer qu’à l’approche de sa fin terrestre, Jésus a terminé sa prédication par un long discours eschatologique.

A l’époque de Jésus, le Temple de Jérusalem, unique au monde, était tout neuf. Ses marbres, son or, ses boiseries sculptées faisaient l’admiration des pèlerins. On disait : Celui qui n’a jamais vu le Sanctuaire, celui-là n’a jamais vu une ville vraiment belle. Et les disciples de Jésus, comme tout le monde, sont émerveillés. Jésus leur dit : Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre. Nous devinons la stupéfaction provoquée par cette prophétie de Jésus : ce sera en fait, la cause de sa mort devant le Grand Tribunal.

Ainsi, loin de se laisser aller à la fausse sécurité de l’humanité, qui s’imagine toujours que les choses dureront telles qu’elles sont, Jésus annonce la fragilité des plus belles œuvres humaines. Oui, un jour, le temps lui-même va finir. Méditons donc aujourd’hui sur nos fragilités, sur le caractère si court de la vie, de la beauté… Il faut savoir regarder en face cette réalité de la fin, du vieillissement incessant de tout, de la lente et inexorable marche de tous les vivants vers la mort.

Attention, Jésus n’a absolument pas la préoccupation de la date. Son seul souci, au contraire, est que ses disciples soient en dehors de la fièvre apocalyptique. Des faux-prophètes, il en surgit partout. Ils sont sûrs d’eux-mêmes et prétendent de changer la société humaine et la rendre définitivement heureuse. On resterait jeune toujours. Le paradis sur terre. Plus de mort. Plus d’oppressions – vieux rêves impossibles. Ne suivez pas les imposteurs – nous répète Jésus.

Le deuxième souci de Jésus, c’est de dénoncer la peur. Même les conflits, les tremblements de terre, les épidémies, les faits terrifiants ne sont pas des signes de la fin et ne constituent pas une raison de s’effrayer. Profond réalisme de Jésus : oui, tout cela arrive sans cesse.

Pour Jésus, il faut savoir attendre ; le message des apocalypses révèle l’avenir. Cet avenir est à Dieu. Pour Lui, les apocalypses sont un signal d’espérance. Croyez en moi, dit Dieu. Même quand les étoiles tombent, même quand les prophètes s’effondrent, même quand tout s’écroule humainement, il y a encore un avenir possible. Même quand la mort est là… espérance absolue, appuyée sur Dieu.

L’épreuve de la foi, pour Jésus, est une sorte de chance : une occasion de rendre témoignage devant les persécuteurs ou encore une occasion d’acquérir des mérites qui rendront témoignage pour eux devant Dieu.

Ai-je cet optimisme absolu ? Est-ce que, dans la foi, je crois vraiment que je peux, avec Dieu, tirer un avantage même des épreuves les plus douloureuses apparemment ? Espérance. Patience. Joie malgré tout…

Père Pierre Fulara

 

 

FIP du 13 au 20 novembre 2022