Nous voulons voir Jésus
Les juifs venant du monde parlant grec étaient très nombreux à Jérusalem à l’approche de la Pâque, comme ceux dont les Actes énuméreront la présence au jour de la Pentecôte.
Dans la péricope d’évangile lue aujourd’hui, les quelques grecs montés à Jérusalem sont donc des non-juifs, sympathisants ou prosélytes, qui s’associent à la vie du peuple de l’Alliance. Ils veulent voir Jésus. Alors Jésus explique ce qui va leur être donné à voir : il va être glorifié.
La gloire, dans l’évangile, ne signifie pas une récompense éclatante, mais la révélation de ce que l’on est profondément. Pour Jésus, c’est en étant mis en terre comme le grain de blé qu’il va se manifester comme le Fils obéissant au Père, qui entraîne dans son sillage tous ceux qui vont devenir ses frères et ses sœurs.
Mais affronter la mort sous le poids immense des péchés du monde est un combat terrifiant. Et saint Jean nous montre Jésus bouleversé et encouragé publiquement par le Père. A la différence de la scène de l’agonie à Gethsémani, ce prélude au combat de la Croix que Jésus sait proche a lieu en présence de la foule, qui se presse à Jérusalem pour la fête. Le défi au Prince de ce monde est public, car l’enjeu est universel. Il s’agit pour Jésus, serviteur souffrant élevé sur la croix, d’attirer à lui tous les hommes. Il s’agit, par sa puissance d’amour, de rassembler en lui les enfants de Dieu dispersés.
Avec les quelques grecs, nous sommes invités à contempler Jésus, ainsi glorifié, et à nous laisser entraîner dans son sillage. Par notre baptême nous sommes déjà passés avec lui par la mort pour ressusciter à sa vie. Pendant le carême, nous accompagnons les catéchumènes qui s’y préparent, et nous sommes attentifs à rectifier notre vie et à garder cette trajectoire de Jésus, enfoui et ressuscité. La Pâque de Jésus manifeste ce que nous sommes par lui, avec lui et en lui ; elle nous glorifie avec lui.
Mgr Jean-Marie Dubois