La foi n’est pas à la mode ! C’est le moins que l’on puisse dire dans notre société qui porte une culture agnostique voire athée. Aucun des candidats à l’élection présidentielle n’ose évoquer le divin et quand nos médias en parlent, c’est pour parler des problèmes liés aux religions : voile, scandales, communautarisme…

Alors, pourquoi croire aujourd’hui ? Il me semble que le passage d’Évangile de ce dimanche apporte une certaine réponse. En évoquant les béatitudes, le Seigneur Jésus se positionne comme maître de sagesse. Encore faut-il que cette sagesse soit vraie ! Une lecture rapide de ces béatitudes laisse perplexe : « Heureux, vous les pauvres… qui avez faim maintenant… qui pleurez maintenant… Quel malheur pour vous, les riches… qui êtes repus maintenant… qui riez maintenant… » Le Seigneur Jésus présente là une antinomie entre riches et pauvres, affamés et repus, tristes et joyeux qui apparaît bien caricaturale et peu digne d’une vraie sagesse.

Mais confrontés à un spectre plus large des Écritures, ces paroles prennent une autre dimension. Les pauvres sont ceux à qui Dieu manque : « Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme Te cherche, Toi, mon Dieu. » (Psaume 42) ; les affamés, ceux qui ont faim de la justice (comme le précise les béatitudes chez saint Matthieu), c’est-à-dire ce qui ajuste à Dieu et à ses frères ; ceux qui pleurent, ceux qui s’attristent de leurs péchés : « Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour ; selon ta grande miséricorde efface mon péché. » (Psaume 50) Alors s’éclaire le malheur de ces riches qui pensent pouvoir se passer de Dieu ; de ces repus qui ne cherchent pas la justice et de ces rieurs qui ne voient pas le mal qu’ils commettent.

Difficile de mettre en pratique cet enseignement du Seigneur Jésus car qui peut s’affirmer pauvre de Dieu et faire siennes les paroles du psalmiste : « Dieu, Tu es mon Dieu, je Te cherche dès l’aube. Mon âme à soif de Toi ; après Toi languit ma chair. » (Psaume 62) ? Malgré cela, nous sentons intimement que cet enseignement est vrai et mène à la Vie !

Percevoir la vérité de cet enseignement alors même qu’il apparaît inatteignable, nous entraîne à reconnaître le Seigneur Jésus comme notre Maître et de rejoindre ces 2,3 milliards de chrétiens dans le monde qui cherchent humblement à accorder leur vie à cet enseignement exigeant.

Père Edouard Dacre-Wright

Feuille d’informations paroissiales du 12 au 20 février 2022