Nous sommes étonnés : neuf des dix lépreux, membres du peuple de Dieu, n’ont pas le réflexe, après leur guérison, de remercier Dieu et de reconnaître un cadeau de sa part dans le miracle voulu par Jésus. Ce fait nous est sans doute raconté pour éclairer notre propre manière de faire.
Quelle est l’attitude constante de Jésus, le Fils unique ? Il sait que tout lui vient du Père, il le reconnaît et retourne au Père tout ce qu’il reçoit, dans l’action de grâce. Il « rend » grâce, là même où c’est dans l’épreuve qu’il s’agit d’accueillir l’Esprit d’amour. Il reçoit la capacité de s’offrir et d’aimer au point de surmonter le poids immense des indifférences, des outrages, des péchés de tous les humains.Cette action de grâce du Christ se traduit en grec par « eucharistie ». C’est le mouvement que Jésus, en son humanité comme dans l’éternité, fait monter vers son Père à chaque instant et jusqu’à l’heure de sa mort sur la croix.
L’action de grâce est encore la prière de Jésus ressuscité, qui est présent à la messe dans le même mouvement eucharistique que sur la croix. Là, il nous invite à « rendre » grâce par lui, avec lui et en lui, à le laisser prendre notre propre action de grâce dans la sienne.
Le mot « rendre » dans « rendre grâce » est important. Tout nous vient de Dieu par grâce, notre être, notre capacité d’agir, tout ce qui nous arrive, la capacité de vivre de sa propre vie malgré les difficultés. A la messe, pensons-nous à tout ce que Dieu nous a donné ? Pensons-nous à le lui rendre dans l’action de grâce, avec Jésus : notre être, le monde avec ceux que nous avons côtoyés cette semaine et tous ceux dont nous sommes solidaires ? Ce qu’il nous a permis de vivre de bon, de supporter de pénible ?
Notre semaine n’a pas été parfaite mais l’Esprit d’amour n’a pas chômé, et le temps de la récolte arrive. Ainsi se prépare le moment où le Christ pourra offrir au Père la vie de tous les hommes qu’il est venu sauver. Ainsi se hâte l’heure de sa venue.
Chants en temps ordinaire 18 sept-20 nov 2022
Mgr Jean-Marie Dubois