Le dimanche des Rameaux est sans doute l’une des fêtes catholiques qui voient une forte affluence de fidèles aux célébrations. L’affluence peut être bien supérieure à celle de Noël ou de Pâques dans la mesure où il y a ce caractère festif de la procession et des chants de joie.

 Les fidèles viennent chercher ces rameaux (de buis, d’olivier, de laurier ou de palmier, selon les régions), qu’ils placeront après la célébration dans leur maison, et pour certain sur les tombes de leurs proches comme signe de la résurrection pour ceux qui croient au Christ.

 Dans la tradition catholique, ces mêmes rameaux (plus exactement les palmes) servent à désigner, dans l’iconographie, un saint martyr.

 Voilà donc dans une simple branche végétale, l’expression de la réalité de la Passion, de la Semaine Sainte ; ou comment celui qui fut acclamé un jour par les foules rassemblées sur son passage, soit condamné, par ces mêmes foules quelques jours plus tard, au martyre de la croix, ignominie des ignominies.

 Prémices de la kénose* qui le conduira au tombeau, la fête des Rameaux, par la joie qui résulte de l’exultation du peuple et de l’image bucolique de Jésus juché sur une ânesse (ou un ânon, le récit ne nous le précise pas), ne doit pas nous faire oublier l’atrocité du Golgotha.

 Nous sommes en droit de nous interroger sur l’inconstance du peuple qui du jour au lendemain passe de l’exultation à la condamnation. Mais ne doit-on pas y voir la réalité du peuple de Dieu, dans l’histoire du Salut, qu’ elle soit ancienne ou contemporaine ?

 Dieu ne parle-t-il pas d’un peuple à la nuque raide qui chante avec joie son Dieu qui l’a fait sortir du pays de l’esclavage pour, dès la    première difficulté, le remplacer par un veau d’or ? N’est-il pas ce même peuple qui se réjouit de la promesse d’une terre où coulent le lait et le miel, mais qui grommelle contre son Sauveur parce qu’il le soupçonne de l’avoir mené au désert pour le faire mourir de faim ?

 Que dire de ceux qui connaissant la puissance d’amour du Christ préfèrent les ténèbres, la facilité de la médisance et de la lâcheté ? La liste pourrait être encore longue, et pourrait nous concerner d’avantage.

Abbé Gravereau

*La Kénose désigne le fait pour le Fils, tout en demeurant Dieu, d’avoir abandonné en son Incarnation tous les attributs de Dieu qui l’auraient empêché de vivre la condition ordinaire des hommes.

 

 Feuille d’informations paroissiales