Combien d’auteurs profanes, combien de politiques, combien d’individus ont usé de cette fameuse citation afin de restituer le mérite ou la responsabilité d’un acte à son auteur. Cependant,     combien de ces utilisateurs connaissent l’origine de cette phrase. Oui, même le plus laïc des laïcs cite parfois la Bible, particulièrement l’évangile de Saint Matthieu, sans le savoir ; comme Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir.

En effet, certains cherchent, en France, par cette expression à  justifier, à imposer l’idée même de la « laïcité à la française » qui serait une séparation stricte du domaine civil, de l’état laïc et républicain, du domaine du divin, de Dieu !

Or, cette expression demande à chacun d’entre nous de respecter le pouvoir temporel – avec ses règles ; mais aussi d’exiger de l’État qu’il permette le libre exercice du culte et rende à Dieu ce qui lui est dû, comme l’exprime le Père Nicolas de Boccard (diocèse de Lyon).

Il ne s’agit pas d’une exclusion l’un de l’autre et réciproquement à la manière de deux mondes parallèles qui n’ont aucune chance de se croiser. Peut-être que pour un athée c’est une évidence puisque que Dieu n’existe pas ; mais pour un croyant au Dieu créateur, cela ne peut être, puisque l’homme qu’il soit César ou simple charpentier existe dans le cœur divin. Créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, l’homme est, par la volonté et l’amour de Dieu ; et le monde et sa   destinée lui est confiée. Il doit exister un dialogue permanent entre le religieux et le temporel.

Enfin, un dernier point : un poète polonais du siècle dernier, Stanislaw Jerzy Lec, disait : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Mais que restera-t-il aux gens ? » En fait, n’a-t-il pas un peu raison ?

De quelle poche sort ce denier ? N’y a-t-il pas un honnête homme qui l’aurait gagné tout aussi honnêtement ? Cette monnaie n’a-t-elle pas été la rémunération d’une œuvre accomplie qui permet à l’individu de vivre, et de faire vivre peut-être sa famille ? Alors   s’entendre dire que parce que l’effigie de la pièce ne lui correspond pas, elle ne lui appartient pas, cela doit être bien offusquant et     frustrant. En effet, nous n’aurions pas grand chose en notre possession, et nous pourrions comprendre la nécessite de placer des « ex libris » dans nos livres de bibliothèque, bien que le nom de la couverture ne soit pas le nôtre, mais bien celui de l’auteur…

Réjouissons-nous alors que sur notre monnaie européenne, soient représentés des ouvrages d’art ou des emblèmes. Personne ne pourra les réclamer, sauf nos créanciers.

Abbé Stéphane Gravereau

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