La page d’Évangile de Saint Jean que nous lisons aujourd’hui, suit immédiatement le récit de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, le jour des Rameaux. À la suite de ce succès populaire, les pharisiens se dirent : Vous le voyez, voilà que le monde se met à sa suite. La constatation des pharisiens trouve une illustration immédiate dans cette démarche de « Grecs », étrangers, mais sympathisants, qui demandent à voir Jésus. Ainsi, alors que l’étau se resserre de la part de ceux qui ont décidé sa mort, et que le climat d’opposition des pharisiens s’alourdit, voici que tout à coup, au début de sa dernière semaine de vie terrestre, Jésus peut entrevoir l’extension universelle de son rôle sauveur.
Ces « Grecs » annoncent l’entrée des païens dans l’Église, et l’extension de la rédemption bien au-delà des limites d’Israël. Jésus va dire comment il entrevoit la fécondité extraordinaire de sa mort « qui portera beaucoup de fruit », « qui attirera tous les hommes ». Nous notons que ces étrangers s’adressent à Philippe, qui porte un nom grec et qui vient de Béthsaïde, région de passage où vivaient beaucoup d’étrangers. Ce Philippe devait savoir quelques mots de grec, ce qui lui permettait de prendre des contacts.
L’heure est venue, pour le Fils de l’homme, d’être glorifié. Sommes-nous capables d’accepter cette révélation ? L’« heure de Jésus », c’est celle de sa croix. Nous continuons toujours à attendre une autre heure, une autre manifestation de Dieu. Avouons que nous rêvons, pour Dieu, comme pour nous, d’une autre gloire.
Dans quelques jours, Jésus va entrer en sa Passion. Jésus semble, apparemment, ne pas répondre à la démarche des « Grecs » qui ont demandé à le voir. En réalité, il va au fond de leur désir : l’heure est venue où le Fils de l’homme va être glorifié, l’heure qui fait voir Dieu. On ne saurait voir Dieu, ni Jésus, à une autre lumière que celle de la croix, c’est l’heure de l’amour absolu.
Seigneur, aide-moi à regarder la croix, à contempler la croix : c’est l’heure de la plus grande révélation de Dieu. Tout ce qu’avaient dit les philosophes, tout ce qu’avaient cherché les religions tâtonnantes, était insuffisant : voici la croix. Au-delà des mots et des raisonnements, je regarde cette image, cette icône de Dieu. En effet, peut-on avoir meilleur souhait ? Te voir : et pas seulement avec les yeux, te voir en profondeur, te rencontrer, te connaître avec le cœur. Te rejoindre dans ton mystère aussi, et à travers toi, rejoindre Dieu.
Voir Jésus… ce sont des étrangers qui font cette demande. À travers eux toute l’humanité qui s’exprime. Elle dit sa soif de l’essentiel, son désir de lumière. Comme tu as dû être heureux de cette démarche des Grecs… Oui, tu veux avoir besoin de médiateurs pour conduire les Hommes à toi. Tu nous demandes d’être les Philippe et les André de notre temps.
Que notre vie Seigneur, nous fasse reconnaître comme tes disciples. Donne-nous de partager ton souci du salut de tous. Rends-nous attentifs à ceux qui nous entourent, pour les écouter, répondre à leur attente, les mener vers toi.
Pierre Fulara