Diacre dans le XIIème arrondissement, Francisco Petite vit son ministère avec enthousiasme. Au service de la Parole, de la liturgie et de la charité.
Il parle d’abondance, remuant les mains, ses yeux noirs animés par une lueur joyeuse. Est-ce ses origines espagnoles ? Ou la foi qu’il a recouvrée il y a quelques années, alors qu’il vivait, selon sa propre expression, « loin de l’Église » ?
Francisco Petite (prononcer « petité ») est diacre permanent à la paroisse St-Antoine des Ouinze-Vingts, dans le l2ème arrondissement, depuis 20 ans. À bientôt 60 ans, cet auxiliaire de vie soigne à domicile des malades du sida. Une vocation qui au départ, était loin d’aller de soi.
Appelé. « Des signes m’ont alerté. Lors d’un pèlerinage, j’ai rencontré un prêtre, aumônier de la fraternité des malades du Cantal il m’a parlé du diaconat. Je n’y avais jamais pensé. Je n’envisageais même pas de revenir à la foi. Prêcher, être habillé en blanc, ce n’était pas mon “ truc ” ! C’est en faisant la toilette d’un de mes patients, en lui lavant les pieds en particulier, que j’ai compris que j’étais appelé. »
Francisco commence alors à lire, à se renseigner, et se rend compte peu à peu que le diaconat est fait pour lui. Il s’en ouvre au père Violle, délégué au diaconat (aujourd’hui décédé), qui lui conseille de réfléchir. Et de faire partie d’une équipe de personnes cheminant vers la foi.
Formation. Sa décision prise, il suit, comme tous ses pairs, une formation de trois ans – en l’occurrence à l’École Cathédrale. Au programme : une initiation à la philosophie et à la théologie, des lectures, des retraites. Au bout de deux ans, il est institué lecteur et acolyte (ces titres sont les mêmes chez les diacres en vue du sacerdoce) et ordonné diacre à l’issue de la troisième année. « J’ai appris beaucoup de choses, se souvient-il. Nous lisions par exemple les Actes des Apôtres – le chapitre relatif au diaconat, ou la lettre de St Paul à Timothée. Mais pour moi, ce furent non seulement des années de formation mais aussi de discernement : tous les jours je me demandais si j’étais appelé à ça. Des retraites m’ont aidé à y voir plus clair ». Aujourd’hui, Francisco Petite vit pleinement son diaconat. Ce qui ne signifie en aucun cas remplacer les prêtres – il ne peut ni confesser, ni célébrer l’Eucharistie – mais leur apporter une aide précieuse. Il prépare et célèbre les mariages, prépare les baptêmes et baptise, prépare et préside les célébrations de funérailles, porte la communion aux malades. Durant la messe, il lit l’Évangile et, le cas échéant, prêche.
Au seuil de l’Église. Sa mission est aussi de se tenir au seuil de l’Église, de faire le lien avec ceux qui sont en marge, qui n’osent pas entrer ou ne pensent pas à le faire. Il la vit tous les jours dans son travail, avec ses collègues qui ne sont pas tous croyants, loin s’en faut, mais aussi avec ses patients.
Prosélytisme ? Non, mais témoignage, ne serait-ce qu’avec la croix en bois qu’il porte autour du cou. « La question vient très vite, explique-t-il en souriant. Les réactions sont toujours très positives, que ce soit chez les juifs, les musulmans, les non-croyants ; il y a beaucoup de respect. Certains en profitent pour me poser des questions ; d’autres, c’est vrai, règlent leurs comptes avec l’Église. J’essaie de répondre : l’Église ne cherche pas à nous embêter. Dieu nous invite à avoir une règle de vie… »
Ses moments les plus heureux ? Lorsqu’il s’aperçoit que l’Esprit Saint fait son œuvre. Quand un de ses patients le remercie pour une parole qui l’a fait avancer, Il leur répond alors : « C’est Dieu qu’il faut remercier, c’est grâce à Lui que je suis là. »
Par Charles-Henri d’Andigné, Paris Notre-Dame, n°1058, 30 octobre 2004.
Ecoutez le témoignage de Francisco, Diacre permanent (cliquez sur l’image):