Les évangiles synoptiques de saint Matthieu, saint Marc et saint Luc rapportent cette scène que l’on a coutume d’appeler la confession de foi de Césarée où il est facile de comprendre que nous sommes à un tournant, non seulement de la mission du Seigneur, mais aussi de la foi de ses disciples.

Aujourd’hui, la question que Jésus pose aux disciples est une façon de rassembler ce qu’ils entendent quand ils circulent avec lui. Que dit-on de lui ? Les uns le prennent pour Jean-Baptiste, d’autres pour Elie, d’autres pour un prophète. Ils essayent d’exprimer comment les paroles que Jésus prononce, renvoient à ce qu’ils connaissent. La question de Jésus : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » (Mc 8,29) constitue déjà une sorte de tournant, dans le sens où les avis, les opinions que les disciples rapportent de ce qu’ils ont entendu au sujet de Jésus, manifestent d’une certaine façon la rumeur publique. C’est son image qui est ainsi décrite, l’image qu’il a parmi le peuple d’Israël.

Mais la question que pose Jésus est aussi une question qui va les toucher très personnellement. Il ne s’agit plus simplement de dire : qu’est-ce que l’on dit de moi autour de vous ? Mais, vous, qu’est-ce que vous dites ?

Ainsi, nous pourrions comprendre cette question, nous aussi, en nous demandant ce que nous, chrétiens, disciples de Jésus, nous disons de lui. Qu’exprimons-nous à son sujet ? Est-ce que nous ne disons rien de plus que ce que tout le monde dit autour de nous ? Ou bien entretenons-nous avec lui une relation qui nous permet d’aller plus loin ?

Pierre dit : « tu es le Christ » (Mc 8,29), et saint Matthieu ajoute dans son évangile : « ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux » (Mt 16,17).

Ici, le basculement ne se situe plus simplement dans la relation entre les disciples et Jésus, mais sur le contenu même de leur foi. Qu’est-ce que cela signifie de dire que Jésus est le Christ ? Est-ce qu’il sera le Messie glorieux qui rétablira le royaume d’Israël dans son ancienne puissance ? Ou bien, comme Jésus l’annonce ici, et comme le prophète Isaïe l’avait annoncé, il sera le Messie souffrant, humilié et crucifié. Nous voyons tout de suite comment ce basculement rencontre de plein fouet la représentation que se font les disciples : « Pierre le prend à part et lui fait de vifs reproches »

Ainsi, frères et sœurs, en ce début d’année scolaire, le calendrier liturgique nous remet devant la décision radicale qui oriente la vie de tout disciple de Jésus : acceptons-nous, est-ce que j’accepte, que le Dieu auquel je crois, manifesté en Jésus de Nazareth, soit un Dieu crucifié ? Est-ce que j’accepte d’être appelé à renoncer à moi-même, à prendre ma croix et à le suivre ?

 

Père Camille MILLOUR, Vicaire

 

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