Dans son beau film « Jésus de Nazareth », Zeffirelli imagine la scène où Jésus raconte la parabole de l’enfant prodigue : c’est pendant le repas qui suit l’appel de Matthieu, dans la maison de cet apôtre. La maison est pleine de pécheurs publics et Pierre, qui n’a pas voulu se mêler à eux, écoute à la porte. Matthieu le fils prodigue, et Pierre le fils aîné, se reconnaissent dans l’histoire et sont tous deux bouleversés.
Le Père, personnage central de la parabole, attend inlassablement. Le Père se précipite à la rencontre de son fils perdu. Le Père ouvre largement son cœur pour que son fils aîné comprenne combien il est aimé et puisse y répondre avec plus d’enthousiasme. Chaque chrétien a sans doute fait l’expérience de découvrir quelque peu l’amour de Dieu qui vient nous chercher dans notre misère, l’incohérence de l’avoir méconnu et la joie d’être réconcilié. Ces découvertes, liées parfois à des circonstances exceptionnelles de notre vie chrétienne, sont souvent progressives et doivent se revivifier et s’approfondir régulièrement sous peine de se perdre dans l’oubli.
Prêtre, je suis souvent comme chacun dans le rôle de l’un ou l’autre des deux fils, mais aussi dans le rôle du Père qui attend. Parfois l’attente donne lieu à une rencontre sacramentelle où le travail de la grâce apparaît magnifiquement. Un frère ou une sœur a la joie de repartir à neuf, avec le désir d’aimer comme il est aimé, d’autant plus que jusqu’alors il n’a pas bien su le faire. Mais que de temps d’attente déçue au bureau d’accueil, alors que bien des hommes et des femmes auraient pu retrouver la vie et la joie d’être enfants de Dieu.
Jésus a voulu instituer pour nous un moyen de partager l’expérience des deux fils du Père de la parabole : le sacrement de réconciliation. Pourquoi ce cadeau inouï est-il tellement méconnu ?
Mgr Jean-Marie Dubois
Feuille d’informations paroissiales du 26 mars au 3 avril 2022