« S’ils n’écoutent pas Moïse ni les prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus. »
Chers frères et sœurs, filles et fils bien aimés du Père, dans l’éditorial de cette semaine je voudrais méditer avec vous l’évangile communément appelé : l’évangile de l’homme riche et du pauvre Lazare (Luc 16, 19-31). En méditant sur ce texte évangélique, je veux évoquer la notion du « sacrement de frère. » En méditant sur l’évangile de saint Luc 10, 27 et suivant qui parle de l’amour comme le plus grand des commandements en ces termes : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toutes tes forces et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même » ; les pères de l’Église à savoir : saint Augustin, saint Jean Chrysostome et Tertullien établissent un principe fondamental pour la vie chrétienne : « le sacrement du frère. » Selon eux, c’est le huitième sacrement, celui qui nous tourne vers nos frères pour nous mettre à leur service et ce réciproquement. Pour eux, ce sacrement, c’est-à-dire l’attention aux autres, est un sacrement que beaucoup d’entre nous ne vivent plus. Et à propos, l’évangile de ce jour est la plus belle illustration de cette pensée et de ce constat des pères de l’Église.
En effet chers frères et sœurs, filles et fils bien aimés du Père, l’homme riche organisait des somptueux festins selon ce que nous rapporte l’écrivain sacré. Donc il avait les moyens matériels, physiques et financiers pour être de façon plus concrète au service de son frère Lazare, qui plus est vraisemblablement devant son portail. Mais hélas, cet homme riche a manqué l’occasion de pratiquer le sacrement du frère, il a manqué de sollicitude fraternelle et nous connaissons tous le sort de cet homme riche car nous venons d’en écouter la proclamation. Nous aussi, dans notre existence, quelque fois nous nous comportons comme cet homme riche. Nous manquons de sollicitude fraternelle en prétextant l’une ou l’autre raison. La richesse n’est pas nécessairement financière, elle peut être sous une autre forme. À chaque fois que nous avons eu la possibilité de nous mettre au service de nos frères et que nous ne l’avons pas fait, nous nous sommes comportés comme cet homme riche alors, nous avons manqués au « sacrement du frère. » Car, comme nous le savons tous, par le baptême, nous sommes enfants de Dieu, nous formons un seul corps, celui du Christ et une même famille chrétienne. Dès lors, quand un membre souffre, c’est tout le corps qui va mal. Si alors, nous manquons à ce devoir de sollicitude fraternelle en ne nous mettant pas au service les uns des autres, Dieu nous en nous en demandera des comptes. Il posera la question qu’il a posée à Caïn qui venait de tuer son frère : « Qu’as-tu fais de ton frère ? » (Gn 4, 10). Ne nous y méprenons pas, comme nous l’enseigne l’évangile de ce jour : au soir de notre vie, Dieu nous jugera sur l’amour que nous aurons pratiqué au quotidien. Vivons donc « le sacrement du frère » qui est l’expression parfaite de l’amour fraternel.
Bonne méditation à tous !
Abbé Rosel-Espoir KOUKA MALÉLA