Quand à Athènes, saint Paul parle de résurrection des morts sur l’aréopage, il s’entend dire : « Là-dessus nous t’écouterons une autre fois. » 2000 ans après, la tendance reste la même de ranger la résurrection des corps comme non sérieuse et non scientifique.
Avouons que notre rapport à notre corps est complexe : quand je suis jeune, mon corps ne me satisfait jamais : pas assez beau, pas assez régulier, pas assez musclé… Et en vieillissant, sans renier mes désirs de jeunesse, je sens arriver la pesanteur de ce corps avec les cheveux blancs, les premières rides sur ma belle peau de bébé, ce genou plus difficile à plier, ce mal de dos que je commence à ressentir en permanence et ces articulations douloureuses ; pesanteur qui ne cesse d’augmenter avec le temps… Me débarrasser de la lourdeur de ce corps serait bien agréable et la mort pourrait apporter cette légèreté attendue.
Vision pourtant bien courte puisque seul mon corps me rend capable de déceler la beauté de la création, notamment celle d’un ciel toujours changeant, que j’écoute la magie de la musique qui associe des bruits pour en faire une délicieuse symphonie, que je perçois les odeurs subtiles des fleurs, que je peux savourer ce filet de lapin rôti aux fruits secs et condiments, avec sa polenta crémeuse ; et surtout que je suis capable d’entrer en relation avec les autres. Les moments les plus heureux de ma vie ne sont finalement pas les réussites sociales ou professionnelles, mais ces moments de communion d’amour que ce soit au sein de mon couple, de ma famille, entre amis ou même entre collègues ; ces moments rares où une alchimie particulière nous permet de nous enrichir mutuellement, de nous sentir grandis simplement parce que nous sommes là.
Que ferait mon âme seule ? Serait-elle enfermée définitivement sur elle-même ? Qui d’ailleurs, pourrait me décrire l’âme ?
Sortons de ces idées mortifères et sans issue ; rendons grâce pour notre corps qui nous constitue ! Je n’ai pas un corps, je suis un corps qui, malgré ses nombreuses imperfections, demeure merveilleux. Rendons alors grâce pour cette volonté du Seigneur de nous ressusciter dans nos corps au dernier Jour, volonté qui manifeste son désir intense de nous rendre pleinement vivant dans toutes notre être. Amen
Abbé Edouard Dacre-Wright