Il ne suffisait pas que le Messie vint au monde. Il fallait aussi qu’Il soit connu de lui. Et avant même qu’Il eût commencé à prêcher, la création le manifestait. Les mages d’Orient reconnurent son signe et se mirent en quête de lui. Mais déjà le monde se divise à son sujet. Les mages le cherchent pour l’adorer, Hérode le cherche pour le tuer. Les uns lui apportent des présents symboliques : de l’or car ils vénèrent en lui le roi du monde ; de l’encens car Il est le grand prêtre qui intercédera efficacement pour nous auprès de Dieu et de la myrrhe utilisée pour embaumer les morts, car un jour Il vaincra la mort et l’emmènera captive.
Hérode, lui, calcule déjà en son cœur comment il pourra se débarrasser de lui. Car Dieu gêne quand Il intervient concrètement dans l’histoire. Et les puissants ont, peut-être, à juste titre peur d’être renversés de leurs trônes. Ainsi l’Épiphanie du Seigneur, celle de ce jour, mais aussi celle plus glorieuse encore du jour de sa Résurrection, est-elle une « pierre d’achoppement » pour tous. Il faut choisir : ou l’on va vers lui pour se prosterner et l’adorer ou l’on va refuser sa divine intervention et tout faire pour tenter d’effacer la réalité de sa présence, comme Hérode l’a fait en massacrant des saints Innocents. Ce choix face à la manifestation du Seigneur est proposé à chacun et l’Épiphanie comme la Résurrection demande un acte de foi.
La Lumière annoncée par le prophète Isaïe a brillé dans la nuit de Bethléem. Elle doit rayonner jusqu’aux extrémités du monde, elle doit chasser les ténèbres qui recouvrent la terre. Les mages, des étrangers, des païens, ont accueilli cette lumière : Nous avons vu son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. Par contre, les tout-proches, les habitants de Bethléem, ne sont pas venus ; les autorités de Jérusalem ont indiqué la route aux mages, mais ils ne se sont pas dérangés. Il n’y a eu que des bergers, des pauvres et des étrangers à venir vers la Lumière.
Aujourd’hui, Ta lumière brille toujours, Seigneur. Mais on ne le regarde pas… pas assez du moins. A ta lumière, les hommes préfèrent leurs fausses lumières, leurs ténèbres. N’en suis-je pas là, moi aussi, parfois ? Donne-nous la foi des mages.
Notre vie est aussi un voyage vers la Lumière. Nous allons vers notre Père. Tu es là avec nous, Seigneur, dans notre marche, tu es notre guide. Je suis le Bon Pasteur – dis-tu. Tu es notre route. Je suis le Chemin – ajoutes-tu. Oui, Jésus, ta Parole éclaire notre marche. Ton Eucharistie refait nos forces. Chaque messe est une rencontre avec toi, comme celle des mages à Bethléem. Donne-nous d’en repartir comme eux aussi, par un autre chemin, par une marche à ta suite plus fidèle, plus aimante.
Père Pierre Fulara