Jésus avait annoncé qu’il ressusciterait le troisième jour. Mais le récit de sa Transfiguration nous montre que les disciples ne savaient pas ce que voulait dire ressusciter. Aujourd’hui encore, beaucoup disent : « il est ressuscité » mais, même chrétiens, se font une idée de la résurrection suffisamment floue pour ne pas être une sidérante victoire sur la mort ; une idée qui reste à la mesure de leur cerveau, une idée étriquée et absolument insuffisante. Ce peut être : « le Christ reste vivant dans la mémoire et l’hommage de l’humanité… » ou « le Christ garde une efficacité par le recueil de ses sublimes paroles qui continuent de nous toucher » ; ou même : « son âme est dans la gloire du Père ».
Dans l’Évangile, c’est Jésus qui, en se donnant à voir après Pâques, précise ce qu’il est devenu par la Résurrection, de manière absolument unique et inattendue. C’est bien son corps mis au tombeau qui en jaillit comme par une nouvelle création, germe du monde des ressuscités. Cela est un événement qui s’enracine dans notre histoire, à Jérusalem après le sabbat de Pâque, mais qui transcende l’histoire.
Jésus montre, à chacun des témoins qu’il se donne, des facettes réelles de son être ressuscité, selon ce que chacun est capable d’appréhender. C’est bien lui qu’ils ont connu et qui se donne à voir avec les blessures de sa passion, capable de manger, avec de la chair, des os et du sang; c’est lui aussi qui éblouit Paul sur le chemin de Damas ; lui qui peut agir en notre monde mais appartient à un monde nouveau.
Un événement comme cette résurrection ne s’est jamais produit par ailleurs, et aucune raison d’y croire n’est suffisante. C’est Jésus qui se fait voir et scelle la foi, celle de Madeleine en l’appelant par son nom ; celle de Jean par la découverte des linges inexplicablement vidés ; celle de Thomas en l’invitant à percevoir la vie palpitante dans la blessure où la lance avait apporté la mort. Il scelle aussi la foi de chacun d’entre nous lorsque nous sommes plongés avec lui par le baptême et recevons son Esprit-Saint. Il allume en nous une petite lumière qui peut vaciller, s’éteindre mais aussi repartir, et être un beau feu qui éclaire et réchauffe autour de nous.
Il importe donc d’alimenter la flamme en nous laissant enraciner dans le Christ, en vérifiant avec joie que notre foi est cohérente, qu’aucune autre hypothèse ne rend compte des événements de l’Évangile ; que notre foi répond étonnamment aux questions des hommes et donne sens et espérance à notre vie. Être chrétien, c’est croire que le Christ est ainsi ressuscité et vivre de cette certitude. Si le Christ n’est pas ressuscité, affirme saint Paul, nous sommes les plus malheureux des hommes ; en mourant nous retomberons dans le néant. Mais non, telle est la foi qu’Il nous a donnée : « Il est vraiment ressuscité » !
Mgr Jean-Marie Dubois.
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