Là où est Marie, là est la joie. N’en déplaise au dragon, menace du projet divin (Ap 12, 4). Là où est Marie, là est la plénitude de la joie victorieuse. Avec elle, soyons donc dans la joie. Soyons toujours dans la joie du Seigneur (Ph 4, 4). Le temps de l’Avent, très propice, nous donne de saisir trois secrets majeurs de la joie de la Vierge Marie.
Premier secret, Marie est comblée de grâce. Quand l’ange Gabriel lui apparut, il la salua, non par shalom « paix » ordinaire, mais par Kairè qui signifie « Réjouis-toi » (Lc 1, 28). Se réjouir, parce que Kecharitôménè, « comblée de grâce ». Marie est « remplie de grâce », « gratifiée de la faveur divine » d’une façon unique. Et demain 8 décembre, en Église, nous célèbrerons joyeusement son Immaculée Conception, la fête qui nous rappelle qu’elle a été « préservée intacte de toute souillure du péché originel dès le premier instant de sa conception » (Pie IX, Ineffabilis Deus, 1854). Par cette grâce unique, Marie est la demeure digne d’accueillir le Fils de Dieu, qu’elle attend aujourd’hui avec joie et grand bonheur.
Deuxième secret, Marie est « heureuse, celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (Lc 1, 45). Croire, du grec pisteuein signifie « se fier », « s’appuyer sur », « se reposer sur ». Ainsi, la foi est une adhésion libre de la volonté à la vérité de la Parole de Dieu. Eve ne s’est pas « reposée sur » la parole de Dieu ; elle s’est laissée tromper par le serpent, et a désobéi à Dieu (Gn 3, 13). À l’opposé, la Vierge Marie, elle, a « attentivement écouté » la parole de Dieu et l’a gardée dans son cœur, tant et si bien qu’elle a porté le fruit exquis de la fidélité au Seigneur. Elle est la nouvelle Eve, modèle de la foi victorieuse du doute, modèle de confiance totale en Dieu.
Troisième secret, Marie est la Servante du Seigneur. « Je dormais et je rêvais que la vie n’était que joie. Je m’éveillais et je vis que la vie n’est que service. Je servis et je compris que le service est joie » (Tagore). À l’opposé d’Eve qui se récompense de l’existence – elle aperçut que le fruit de l’arbre devait être savoureux ; elle prit, en mangea et en donna à son mari qui ne refusa pas (Gn 3, 6) –, Marie n’a voulu être que l’humble Servante du Seigneur : « Voici la Servante du Seigneur » (Lc 1, 38). Marie ne s’attribue pas de mérites. Elle ne réclame pas un titre de gloire, elle n’attend aucune autre récompense que Dieu seul. La grande tentation de notre temps est de chercher à « se » servir et à être servi.
La joie immense de la Vierge Marie embrasse sa sainteté d’âme et de corps, en tant qu’elle est la « comblée de grâce » et celle qui a cru avec bonne intelligence en s’offrant comme l’humble Servante de la Majesté divine. L’attente joyeuse de la Vierge Marie, c’est que d’elle sortira bientôt pour nous ce « rameau » qui est le rejeton davidique (Is 11, 1-2).
Préparons-nous à vivre avec elle cet événement inouï dans la ferveur et la pleine joie !
Abbé Angelo ABODE
Feuille d’Informations paroissiales

