Voilà une page d’Évangile pour le moins étonnante. Elle nous laisse d’abord sur un malaise. Jésus, c’est vrai, traite le gérant de trompeur et de malhonnête. Mais il n’en fait pas moins son éloge. Comment comprendre ? Soyons attentifs. L’éloge de ce gérant ne porte pas sur sa malhonnêteté, mais sur son habileté à se tirer de sa mauvaise situation. En effet, ceux qui se réclament de Jésus, font parfois preuve de peu d’imagination et d’ingéniosité pour mettre en œuvre, dans leur vie de tous les jours, les exigences de l’Évangile. Tandis que ceux qui ne se laissent guider que par leurs intérêts, savent déployer des trésors d’inventivité pour faire fructifier leurs affaires.
Soyons donc concrets et n’ayons pas peur des mots ni de la réalité. Il faut bien reconnaître qu’au cours de l’histoire de l’Eglise, on s’est, souvent fort préoccupé de réduire l’Evangile à une morale, et la foi à des formules dogmatiques intouchables. De telle sorte que tout est devenu figé et qu’il ne fallait surtout rien changer ; les prophètes ont si souvent été mal vus… Nous pouvons poser la question : où était l’habileté des fils de la lumière ? On réagissait par peur, on n’osait pas explorer de nouveaux chemins d’évangélisation en faisant confiance au sens de la foi du peuple de Dieu. Et aujourd’hui, où en sommes-nous ? C’est à chacun de nous, dans nos communautés, à nous mettre dans la lumière et dans la liberté de l’Esprit Saint. Vaste programme sans fin…
Seigneur, tu es parfois très simple, très clair, lorsque tu parles. D’autres fois, tu nous parais bien compliqué, ainsi avec cette parabole du gérant malhonnête, que son maître félicite en quelque sorte. Envoie-nous ton Esprit, pour nous éclairer et nous faire comprendre ton message. Tu ne viens pas nous enseigner comment gérer nos affaires temporelles ; mais tu regardes autour de toi et tu en tires des conclusions pour notre vie. Ce ne sont pas les fausses factures de cet homme que tu donnes en exemple, mais l’ardeur qu’il met à se sortir d’un mauvais pas. Tu voudrais voir autant d’ardeur en chacun de nous pour notre vie spirituelle.
Certes, nous ne voulons pas causer du tort à notre prochain comme ce gérant, mais comme lui, nous travaillons plus facilement à notre installation sur terre qu’au développement de notre vie d’amitié avec toi et de notre vie fraternelle avec les autres. Aide-nous Seigneur à aller à l’essentiel. L’argent doit rester un serviteur, et non devenir un maître, encore moins une idole. Tu nous proposes de nous en servir comme moyen, en le partageant avec ceux qui en manquent. Aide-nous à utiliser les biens de ce monde non en propriétaire égoïste, mais en gérant soucieux du bien de tous.
Le « gérant » de la parabole, c’est moi. Que de biens tu m’as confiés, Seigneur. Dons de la foi et de la nature, intelligence et volonté, cœur, biens matériels… Qu’est-ce que j’en fais ? Tu me demanderas un jour : Rends-moi compte de ta gestion… Tous ces biens, Seigneur, donne-moi de les utiliser pour ton amour, et pour le bien de mes frères.
Abbé Pierre Fulara
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Chants en temps ordinaire 18 sept-20 nov 2022