Souvenons, il y a quasiment deux années, dans une allocution aux accents dramatiques, notre président de la République, à six reprises, s’exprimait en disant que nous étions en guerre ! En guerre, contre un ennemi invisible ; en guerre, avec des moyens dérisoires (sur le moment), obsolètes ou inappropriés.
La sémantique du conflit armé, depuis lors, a été largement utilisée pour décrire à notre nation la rudesse et la difficulté de la période dans laquelle nous évoluons.
Aujourd’hui, un autre conflit armé est en expansion territoriale, et si l’agresseur est aisément identifiable, il n’en reste pas moins que ce sont des personnes qui, dans leur vie du quotidien ont rencontré « la grande faucheuse » ou bien ont été contraints de fuir.
Nous sommes donc habitués depuis que le monde est monde à un langage guerroyant afin d’exprimer un affrontement, une tension entre personnes. Aussi, il n’est pas extraordinaire, ni inapproprié, que dans la vie spirituelle la même sémantique soit d’usage.
D’abord parce qu’il y a un réel conflit, une réelle opposition entre un défenseur de la vérité et un défenseur du mensonge ; entre un roi du royaume Dieu et un suzerain du royaume des ténèbres ; entre Dieu et Satan. Ensuite, parce qu’il y a des armes qui sont déployées pour les uns : l’amour, la justice, la vérité, la prière, le jeûne…. et pour d’autres : la ruse, la perfidie, le mensonge, l’égoïsme, l’erreur…
Enfin, parce que des vies sont en jeux : un engagement à la vie éternelle ou un assujettissement à la mort éternelle.
Le combat est donc réel, et il ne faut pas le sous-estimer. Comme cela se faisait dans un temps éloigné où il existait la saison pour guerroyer, ce qui n’enlevait en rien le combat quotidien ; de même dans la vie spirituelle, il existe le temps privilégié pour ce combat, qui se soldera par la victoire de la Vie.
Mais il est vrai que le visage que nous donnons à ce combat est plutôt triste et contraignant (la sagesse populaire ne dit-elle pas : long comme le Carême). L’histoire nous présente, cependant, une guerre de cent ans alors que nous n’avons annuellement que 40 jours de combat spirituel. D’un combat qui nous offre une liberté, nous n’en gardons que les côtés pénibles.
Est-ce que les personnes qui se sont battus dans Paris pour la libérer n’étaient pas plutôt intéressées par le but que par les modalités ? Est-ce que les soldats et civiles ukrainiens réfléchissent aux incommodités du combat qu’ils sont en train de vivre en ce moment où sont-ils tendus vers l’accomplissement de cette lutte ?
Alors en entrant dans ce Carême, où est porté notre regard ? Quel est notre combat ?
Abbé Stéphane Gravereau
Feuille d’informations paroissiales du 5 au 13 mars 2022
Prière du Pape pour l’Ukraine
Seigneur,
entends notre prière !
Ouvre nos yeux et nos cœurs,
infuse en nous le courage
de construire la paix.
Maintiens en nous la flamme de l’espérance,
afin qu’avec persévérance
nous fassions des choix de dialogue
et de réconciliation,
pour que la paix gagne enfin.
Amen