L’antienne d’ouverture de la messe de ce dimanche dit de « Gaudete », nous invite donc à la joie.
Mais comment se réjouir. Les oiseaux de mauvais augures croissent avec leur annonces anxiogènes. Sans faire une liste exhaustive, nous pouvons rapidement déprimer, voire pleurer, lorsque les augures parlent d’une nouvelle vague de la COVID, des bruits de bottes amplifiés aux portes de l’Europe, de la rupture énergétique de l’hiver, de l’inflation qui quoique endiguée atteint des sommets oubliés depuis longtemps, etc. etc. etc.
Tout cela sans modération, sans réels fondements, sans conscience de l’impact que de telles informations peuvent générer sur les plus faibles, sur les plus pauvres, sur le moral des troupes.
L’Église apparait alors en contre sens de la société quand elle reprend les paroles de l’Écriture invitant à la joie, à l’optimisme. L’Église a cette force de ne pas s’enraciner dans l’actualité, mais dans une perspective eschatologique des fins dernières.
Ce n’est pas une fuite du quotidien. L’Église, dès sa constitution, a posé ses fondements sur l’Enseignement, la célébration des Saints Mystères et la Charité (d’où la cité épiscopale de tout diocèse dans laquelle on retrouve : la cathédrale, l’école ou l’université et l’hôpital – souvent nommé Hôtel Dieu).
Donc bien au fait de la vie de la cité, de la vie au quotidien, l’Église ose annoncer, proclamer que le Seigneur fait homme, mort et ressuscité pour nous, chemine au jour le jour avec chacun d’entre nous dans nos peines comme dans nos joies, apportant à tous joie et réconfort à celui qui le sollicite.
Il ne s’agit pas, non plus, de faire de l’auto satisfaction, de s’endoctriner pour être joyeux. Le Seigneur nous invite à entrer dans sa joie. Encore faut-il accepter d’y entrer comme si l’on pénétrait dans une pièce.
Une condition à cela cependant : choisir de toujours cheminer en choisissant le Seigneur comme compagnons de voyage.
Il en est ainsi du mystère de la fête de l’Immaculée Conception, que nous venons de célébrer, le 8 décembre dernier. Le dialogue entre l’Ange et la Bienheureuse Vierge Marie nous révèle, d’une part, la liberté des protagonistes dans le dialogue, dans l’acceptation de la proposition et dans la réalisation de la promesse.
Cet échange manifeste combien, d’autre part, la Vierge est libre et consciente de ce qu’elle est en train de vivre, de ce qu’elle échange comme parole, de l’engagement qu’elle prend.
Dès lors la joie du Seigneur ne peut que l’habiter sans peur du lendemain, et elle ne peut qu’exulter de joie comme elle le fit devant sa cousine qui l’interrogeait.
Alors pour être dans cette joie que Dieu nous propose, serons-nous capable d’emprunter en vérité le mot de Marie : « Voici la Servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon sa parole. »
Abbé Stéphane Gravereau
Chants de l’Avent , Noël-8-01-2023