Lorsque nous avons commencé la lecture suivie de l’évangile selon saint Marc, nous avons lu le projet de l’évangéliste: « Évangile de Jésus, Christ (Messie), Fils de Dieu ». Au pied de la croix, le centurion reconnaît bien Jésus comme « Fils de Dieu ». Lors de l’étape centrale qu’est le passage lu aujourd’hui, à Césarée de Philippe, saint Pierre reconnaît Jésus comme «Messie».

L’attente d’un libérateur « oint » par Dieu, c’est-à-dire  Christ ou Messie, était foisonnante à l’époque. Ce pouvait être un roi, un grand prêtre, un prophète, un « Fils d’homme » divin comme celui évoqué par le prophète Daniel.

On n’imaginait guère un Messie crucifié. Pour le pharisien Saul de Tarse, avant le chemin de Damas, c’était même un blasphème, un crime, que de l’envisager.

Il faudra que Paul, ayant rencontré le Crucifié-Ressuscité, relise les Écritures pour vérifier et enseigner que tel était bien le projet de Dieu : un Messie crucifié. On comprend que saint Pierre ait eu du mal à accueillir la révélation par Jésus de ce mystère : « Il faut que le Fils de l’homme soit tué et que trois jours après il ressuscite ».

Telle est notre foi de chrétiens : Jésus, mort sur la croix, est ressuscité. Il est aujourd’hui vivant, actif dans nos cœurs et dans le monde. Il n’est donc pas seulement une référence passée, un maître de sagesse ayant défendu, par-delà l’échec de la croix, de belles « valeurs » que des disciples transmettent à chaque génération. Il est au contraire vainqueur absolu et définitif de la mort et du péché, et c’est par sa présence d’Homme-Dieu, vivant aujourd’hui, qu’il nous fait partager sa vie de Ressuscité.

Le croyons-nous vraiment ? Est-il l’objet non seulement d’une référence à sa pensée, à ses paroles transmises, mais  d’une relation quotidienne avec chacun, d’une amitié nourrie de rencontres régulières ?

C’est la question qu’il pose à chacune, à chacun : « Pour vous, qui suis-je ? » Il s’agit de vérifier si j’adhère sans réserve à la foi de l’Église résumée dans le Credo, mais aussi d’estimer ce qu’il est concrètement dans ma vie, ce que je vis avec lui dans une relation personnelle ; comment il me permet chaque jour de vaincre le mal et d’aimer comme lui.

Comme pour saint Pierre à Césarée de Philippe, il y a encore pour moi un chemin à parcourir, avant de voir Jésus Ressuscité face à face et, à l’heure de ma mort, d’en découvrir toute la splendeur.

 

Mgr Jean-Marie Dubois

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