Qui  n’est pas concerné par cette situation : Si un frère (ou une sœur) a péché contre toi…. ?

Déjà la question se posait pour le groupe des apôtres. Pierre demandait à Jésus : « Combien de fois dois-je pardonner à mon frère ? 7 fois ? » Nous connaissons tous la réponse de Jésus, invitant à pardonner sans limite… 70 fois 7 fois. Pardonner, c’est vouloir le bien de celui qui nous fait du mal, c’est aimer à la manière de Dieu. Cela ne peut donc être que le fruit du travail de Dieu dans notre cœur, d’un travail peut-être difficile et progressif, d’une grâce à demander.

Mais le pardon n’est pas l’oubli et ne s’oppose pas à la justice. Rien n’oblige à exiger réparation : « Si l’on te frappe sur la joue, tends l’autre ». En tout cas, saint Paul recommande que les chrétiens ne s’intentent pas de procès devant l’autorité civile : ce serait un scandale, contraire à l’amour mutuel auquel on doit les reconnaître. Mais rien n’empêche de demander justice par une médiation en Église. Certes, Jésus a refusé d’intervenir dans les affaires d’héritage, mais l’évangile de Saint-Matthieu est attentif aux problèmes de l’Église déjà dans les années 80, cet évangile nous rapporte en ce sens les paroles de Jésus, aujourd’hui Seigneur de la communauté. Les  paroles  que nous entendons ce dimanche proposent une procédure : de fait, la justice d’Église a toujours existé, et déjà dans le désert, des juges sages ont été institués par Moïse.

La procédure décrite dans notre lecture n’est pas une solution de facilité:

– Aller parler au frère qui m’a offensé ? Pour cela, je dois être conscient que j’ai peut-être une poutre dans l’œil en comparaison de la paille que je lui reproche ; je dois vérifier que ma demande de justice ne m’empêche pas de chercher aussi le bonheur de l’autre ; je dois veiller en tout cas à ce que mon accusation ne soit pas vindicative et haineuse.

– La deuxième étape, l’appel à un petit groupe de médiation, permet sans doute d’exposer la situation de façon contradictoire et plus objective, à condition qu’elle ne consiste pas à se réfugier derrière un groupe de pression soigneusement choisi pour prendre mon parti.

– La troisième étape, qui demande d’intervention de l’Église, peut difficilement être la publication devant la communauté des griefs que je fais à l’un de ses membres ; elle peut être un recours aux instances de l’Église, si le péché que j’ai subi est aussi, pour l’Église,  un délit de la part de mon adversaire. Mais il faut d’abord penser à la recommandation du Seigneur : avant d’arriver chez le  juge, tâche de te réconcilier en chemin. Et je dois penser aussi aux offenses dont je suis coupable en n’attachant pas une importance excessive au péché que j’ai subi : « avant de présenter ton offrande à l’autel, demande pardon à celui que tu as offensé. »

    Mgr Jean-Marie Dubois

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